Vivre un jeûne

Il y a quelques jours, j’ai réalisé un jeûne en Belgique. C’était une expérience totalement inédite pour moi. Cette envie de vivre et tester cette pratique n’est pas apparue subitement, elle a été le fruit de long mois de réflexions et de recherches sur le sujet.

J ‘ai, bien sûr, souvent entendu parlé du “jeûne” ou du “jeûne intermittent” mais sans vraiment savoir de quoi il retournait. La seule chose qui revenait fréquemment c’est que l’on perdait vite du poids (ce qui me plaisait mais me faisait peur également car “qui perds vite, reprends vite"). Voici donc ce que j’ai appris.

Qu’est-ce qu’un jeûne

Le jeûne consiste à priver son corps de nourriture et/ou de boisson pendant un certains temps. Le but est de mettre au repos différents organes (poumon, intestin, estomac, foie, peau, etc.). Il existe différents jeûnes :

  • le jeûne hydrique : on s’hydrate à base d’eau, de jus, de tisanes et de bouillon.

  • le jeûne sec : il s’agit de jeûner sans rien manger, ni boire. Le but est de nettoyer la lymphe (liquide très épais drainant notamment les acides gras). En effet, en phase de déshydratation, le corps va aller chercher l’eau dans ses réserves. La lymphe va donc circuler plus vite pour être filtrée par le sang et que le corps récupère de l’eau en brûlant les graisses. Ce jeûne est moins fréquent et doit être encadré avec un protocole précis.

  • le jeûne intermittent : le principe est de modifier le rythme de prise alimentaire sur la journée ; manger pendant 6 à 8h et jeûner pendant 16 à 18h. Nombreux sont ceux qui pratique le jeûne intermittent en ne prenant pas le petit déjeuner. Mais le “vrai” jeûne intermittent consiste à ne pas manger le repas du soir (qui est plus compliqué à pratiquer dans nos sociétés actuelles)

  • le 5-2 : même principe que le jeûne intermittent mais qui consiste à jeûner 2 jours/semaine (toujours les mêmes jours) et manger les 5 autres jours.

  • La monodiète : on ne mange que 1 seul aliment dans la journée (raisin, riz, carotte, poire, pomme, ananas, sarrasin, chou, fraise), sous toutes ses formes et sans limite de quantité. Ici, on boit beaucoup d’eau et infusions afin de permettre un nettoyage doux et une mise au repos relative du système digestif. Lors d’une monodiète, on nettoie l’organisme rapidement, on le décrasse et on permet l’élimination des toxines.

Quels sont les bienfaits d’un jeûne sur l’organisme ?

  • Gestion du poids: Le jeûne peut aider à réduire l'apport calorique global, ce qui peut entraîner une perte de poids.

  • Amélioration de la sensibilité à l'insuline: Le jeûne permet de réguler les niveaux d'insuline dans le sang, ce qui est bénéfique pour la gestion du diabète et la prévention des maladies cardiovasculaires.

  • Réparation cellulaire et régénération: Pendant le jeûne, les cellules déclenchent des processus de nettoyage et de réparation (ex: autophagie qui éliminent les composants cellulaires endommagés et favorisent la régénération cellulaire.)

  • Réduction de l'inflammation: Certaines études suggèrent que le jeûne peut réduire les niveaux d'inflammation dans le corps, ce qui est bénéfique pour la santé globale et peut réduire le risque de maladies inflammatoires (rhumatisme, arthrose, etc.)

  • Amélioration de la santé cardiaque: Le jeûne peut aider à réduire les facteurs de risque de maladies cardiaques, tels que le cholestérol et la tension artérielle élevés.

  • Promotion de la longévité: Des recherches et des études observationnelles chez l'homme suggèrent que le jeûne peut être associé à une vie plus longue et à un vieillissement en meilleure santé.

  • Mise au repos du système digestif : En l’absence de nourriture, le système digestif fait une véritable pause. N’étant plus accaparé par ses missions principales, il est d’autant plus disponible pour se détoxifier en profondeur et se réparer. C’est l’autolyse, processus au cours duquel les cellules se régénèrent de l’intérieur et se délestent des toxines accumulées.

  • amélioration du microbiote qui est indispensable à notre fonctionnement, il est donc toujours présent tout au long du jeûne. Mais il se retrouve dans de meilleures conditions pour se rééquilibrer grâce à la chasse des germes pathogènes qui n’ont plus de quoi se nourrir pour proliférer. On observe donc une amélioration de l’immunité et du microbiote

Il existe de nombreux autres bienfaits, plus spécifiques ou avec des visées plus scientifiques dont je n’ai pas saisi toute la portée si ce n’est que c’est positif pour l’organisme. Je vous invite donc chercher encore plus d’information si le sujet vous intéresse !

Concrètement, comment cela se passe-t-il dans le corps ?

  1. Phase de transition métabolique: Lorsque vous arrêtez de manger, votre corps puise initialement dans ses réserves de glycogène (forme de glucose stockée dans les muscles et le foie). Cette phase dure +- 6 à 24 heures, selon votre niveau d'activité physique et la quantité de glycogène stockée.

  2. Phase de cétose: Une fois que les réserves de glycogène sont épuisées, votre corps commence à produire des cétones à partir des graisses stockées pour fourn;ir de l'énergie aux cellules, notamment au cerveau. Cette phase est souvent atteinte après environ 24 à 72 heures de jeûne,

  3. Phase de stabilisation et d'adaptation: Une fois en cétose, votre corps s'adapte au métabolisme des graisses comme principale source d'énergie. La production de cétones augmente, ce qui peut améliorer la clarté mentale et l'énergie tout en réduisant la sensation de faim.

  4. Phase de préservation des protéines: Pour éviter une dégradation excessive des protéines musculaires pendant le jeûne, votre corps augmente la synthèse des protéines et réduit la dégradation musculaire. Cela contribue à maintenir la masse musculaire pendant le jeûne.

  5. Phase de réserve de l'énergie: À mesure que le jeûne se prolonge, votre corps devient plus efficace pour utiliser les graisses comme source d'énergie, ce qui permet de préserver les réserves de glucose pour les tissus qui en ont besoin, comme les globules rouges et certaines cellules du cerveau.

  6. Phase de reprise alimentaire et réparation: Lorsque vous recommencez à manger, votre corps se concentre sur la récupération et la réparation des tissus, en utilisant les nutriments provenant des aliments pour reconstruire les réserves épuisées et soutenir les processus de guérison.


Quels sont les symptomes quand on jeune ?

Les symptômes ressentis pendant le jeûne peuvent varier d'une personne à l'autre en fonction de plusieurs facteurs, notamment la durée du jeûne, l'état de santé général, la composition corporelle ainsi que la préparation physique au jeûne. Voici quelques symptômes courants :

  1. Fatigue et faiblesse: Au début du jeûne, il est courant de ressentir de la fatigue et de la faiblesse, car le corps s'adapte à la privation de nourriture et ajuste son métabolisme pour utiliser les réserves de graisses comme source d'énergie.

  2. Maux de tête: Certains jeûneurs peuvent ressentir des maux de tête, en particulier au début du jeûne, souvent dus à des changements dans les niveaux d'hormones et de glucose dans le sang. Cela arrive aussi lorsque la descente alimentaire n’a pas été bien réalisée ou face à de grandes addictions (café, thé, alcool, sucre, tabac, etc.)

  3. Vertiges et étourdissements: Une baisse des niveaux de glucose dans le sang peut entraîner des vertiges ou des étourdissements, en particulier chez les personnes sensibles à ces changements.

  4. Nausées et inconfort abdominal : Certains jeûneurs peuvent ressentir des nausées ou un inconfort abdominal, en particulier si le jeûne est prolongé ou si l'estomac est vide depuis une longue période.

  5. Irritabilité et sautes d'humeur : Les changements dans les niveaux d'hormones et les besoins énergétiques pendant le jeûne peuvent entraîner des sautes d'humeur et de l'irritabilité chez certaines personnes.

  6. Frilosité dû au changement des hormones thyroïdiennes.

Il est important de noter que ces symptômes sont généralement temporaires et disparaissent souvent à mesure que le corps s'adapte au jeûne. Cependant, si les symptômes persistent ou s'aggravent, il est important d'écouter votre corps et de mettre fin au jeûne si nécessaire.

Est-ce que tout le monde peut jeûner ?

Celle-là, elle est pour toi Jacqueline qui est venue me dire 47 fois sur instagram que ce n’était pas bien de prôner le jeûne en sachant qu’on ne peut pas le faire en cas de maladie 6XC3PO pathogène du docteur TrucMuche.

Il va de soi, que le jeûne est une épreuve mentale mais également physique qui met le corps en stress. Il existe des contres-indications et pour cette raison, je recommande de toujours s’encadrer et s’entourer de professionnels lorsque l’on réalise un jeûne (quel qu’il soit). Avant de partir faire un jeûne, soyez renseigné.e et préparé.e, vous connaissez mieux que quiconque vos problèmes de santé personnels ;)

(ça va mieux Jacqueline ?)

Comment se préparer à un jeûne : la descente alimentaire

La vidéo de la descente alimentaire complète ici

Pourquoi faire une descente alimentaire avant un jeûne ? C’est une étape primordiale qui consiste à passer progressivement d’une alimentation quotidienne « classique » à celle qui sera la norme selon le jeûne choisi. Ce qui permet d’habituer le corps à jeûner en douceur, en supprimant petit à petit les aliments les plus acidifiants (viande, café, alcool, produit laitier, etc.), jusqu’à la suppression complète d’aliments solides.

D’un point de vue plus technique : ça encourage le corps à passer de la combustion de glucose à la cétogenèse, où il brûle les graisses pour l’énergie. On opte pour des aliments riches en fibres et en bons gras. Cela aide à stabiliser la glycémie, à épuiser les réserves de glycogène et à faciliter la transition vers le jeûne, minimisant les effets secondaires comme les maux de tête ou la fatigue.

Protocole reçu pour mon jeûne Bunchinger

8 jours avant le début du jeûne : supprimez toutes les boissons alcoolisées ainsi que la viande et le poisson sous toutes les formes, le lait et les produits laitiers (fromages, yogourt, crème, crème glacée, milk-shake, beurre,...), les œufs, les pâtisseries de toutes sortes, les confitures, gelées et sirops, le miel,... et, lorsque vous n'avez pas d'appétit, ne mangez pas.

7 jours avant le début du jeûne : supprimez le café, le thé, le chocolat sous toutes les formes, le vinaigre et les légumineuses (fève, pois, pois chiche, lentille, haricot, soja,...).

4 jours avant le début du jeûne : supprimez les céréales (y compris le pain) et les algues. Mangez, à volonté, des fruits et des légumes crus, mi-cuits, cuits ou séchés (figues, dates, pruneaux, abricots, raisins,...) - des pommes de terre ou du riz basmati si vous avez faim - avec éventuellement un assaisonnement d'huile d'olive, de sésame, de courge, ..., des graines germées et du citron.

Lors des deux derniers repas avant le début du jeûne, ne vous alimentez que de fruits frais, mûrs et crus ou. de soupes de légumes

La remontée alimentaire

Probablement l’étape la plus importante du jeûne car elle va scellé de manière positive où la pratique du jeûne. Il y a probablement différente manière d’aborder les remontées alimentaires. Je vais parler, ici, de celle que j’ai expérimenté. De manière traditionnelle, voici le plan proposé :

  • Jours 1 et 2  : petit-déjeuner de fruits crus ou cuits. Continuez avec : jus de légumes lacto-fermentés, graines germées, fruits et légumes crus ou cuits, (graines de tournesol, amandes …) maximum 1 petite poignée par jour. Continuez le verre de 2 pruneaux trempés avec les graines de lin tant que vous n’êtes pas allés à la selle.

  • Jour 3 : réintroduction des céréales.

  • Jour 4 : réintroduction des légumineuses.

  • Jour 5 et 6 : réintroduction des œufs puis des produits laitiers.

  • Jour 7 : réintroduction du poisson ou de la viande.

Pour l’assaisonnement :

  • Huile d’olive + huile de colza ou noix, citron (évitez le vinaigre)

  • Tamari

  • Epices douces en petite quantité.

Evitez impérativement pendant la semaine de reprise : vinaigre, ail, café, thé, chocolat, alcool, même en petite quantité, ainsi que la farine ou pain raffiné (blanc)

Concernant cette remontée, j’étais un peu sceptique car je la trouvais très rapide pour maintenir le poids perdu. Il faut savoir que pendant le jeûne, une fois les réserves de glycogène épuisées, le corps rentre en état d’alarme, d’où une augmentation de l’adrénaline. Il y a un changement des hormones thyroïdiennes càd baisse de l’hormone thyroïdienne T3 et augmentation de la reverse T3 (rT3)= Mode économie d’énergie du corps. MAIS à la sortie du jeûne, le corps se souvient de la « famine » qu’il a vécu et, sous l’action de la rT3, continue de rester quelques temps en mode éco pour refaire des stocks, en prévision d’une possible nouvelle famine (d’où la prise de poids ou l’effet yoyo).

Donc pour laisser le temps à l’organisme et la thyroïde de s’adapter à la ré-alimentation, une remontée alimentaire plus longue et plus progressive, sur 2 ou 3 semaines, permettra aux hormones thyroïdiennes de revenir à leur fonctionnement d’avant le jeûne et permettront de s’alimenter normalement sans reprendre du poids. Il faut juste laisser le temps au temps…

  • Jours 1 à 4, voire 6 : fruits et légumes

  • Jour 5-6 (voire 7, 8 et 9) : Idem + pommes-de-terre ou céréales sans gluten

  • Jour 7-8 (voire 10 à 12): Idem + légumineuses

  • Jour 9-10 (voire 13 à 15) : Idem + produits laitiers

  • Jour 11-12 (voire 16 à 18) : Idem + œuf

  • Jour 13-14 (voire 19 à 21) : Idem + viande ou poisson

    —> Jours suivants : alimentation normale, la plus bio, naturelle et vivante possible.

Mon retour d’expérience

J’ai donc réalisé mon jeûne fin janvier à La maison de Sania dans la Province de Namur en Belgique. Mon choix s’est porté sur ce lieu car il m’a souvent été conseillé et je trouvais ça chouette de le faire en Belgique non loin de chez moi.

Pour ce 1er jeûne, j’ai joué la carte de la sécurité en prenant une chambre individuelle, ce que je recommande vivement, si comme moi, vous avez le sommeil léger. Car pendant le jeûne, j’ai personnellement eu une rythme de sommeil décalé (debout tous les jours à 4-5h du matin). J’ai aussi été heureuse d’être seule dans ma chambre quand certains symptômes sont apparus.

Comme je l’ai expliqué un peu plus haut, cela faisait quasi 1 an que je me préparais mentalement à faire ce jeûne. Dans le mental, j’étais donc prête. J’ai aussi réalisé une descente alimentaire plus précoce car je trouvais que 8 jours c’était “trop peu” pour mon corps qui aime prendre son temps. J’ai donc commencé la 1ère et 2ème phase 14 jours avant (à l’exception des légumineuses et vinaigre).

Le samedi de mon arrivée au centre, j’étais sereine, j’avais perdu 3kg, ma tête et mon corps étaient prêts.

Lorsque j’ai vu la maison de Sania, je ne peux pas m’expliquer mais la faim s’est envolée et je n’ai retrouvé la sensation de “faim” que 12 jours après. Les 3-4er jours, j’avais énormément d’énergie, aucun symptôme, zéro envie de mastication. J’étais RA-VIE. Chaque matin, c’était -1kg (normalement c’est entre 400et 800Gr). Je buvais 2L d’eau par jour, je voyais mon ventre dégonfler, plus aucune rougeur sur ma peau, mon teint devenir plus lumineux, bref TOUT ALLAIT BIEN.

Et ce qui devait arriver, arriva. j’ai fait un jeûne inversé (bon je dis ça comme ça mais c’est pas vraiment scientifique). Disons que le Jour 4 (le mercredi), j’ai commencé à avoir le souffle court, des crampes dans les jambes, des nausées comme jaja que seule, la position horizontale, arrivait à calmer. Je faisais donc une “acidose”

L'acidose pendant un jeûne c’est un déséquilibre dans les niveaux d'acidité du sang, caractérisé par une augmentation de l'acidité. Normalement, le corps maintient un équilibre délicat. Cependant, pendant un jeûne prolongé, il peut arriver que le corps produise trop d'acides, ce qui peut conduire à l'acidose qui peut être due à plusieurs facteurs : Cétose excessive: Lorsque le corps brûle des graisses pour produire de l'énergie en l'absence de glucose provenant de la nourriture, il produit des cétones. Une accumulation excessive de cétones peut entraîner une acidification du sang. Perte de bicarbonate ou Déshydratation.

Le Jour 8, j’affichais fièrement - 8kg et surtout un ventre plat (dans le sens non gonflé). Lorsqu’il a fallut manger, l’appétit n’était pas au rendez-vous dû aux nausées (et j’aurai pu continuer à jeûner encore quelques jours sans problème). J’ai donc rompu le jeûne tout doucement, j’ai écouté ma faim, mon ventre, mon estomac.

Malgré les symptômes, qui au final, étaient plutôt un mal pour un bien, je vais très certainement réitérer l’expérience car cette sensation de liberté et de bien être était incroyable.

Actuellement, j’ai fini ma 1ère semaine de remontée alimentaire. A ce jour, j’ai ré-introduis : les fruits & les légumes, les oléagineux les céréales brutes sans gluten (trempées/germées), les légumineuses (trempées/germées), les oeufs et le gomasio. La balance affiche +1kg tout rond ce qui est normal et logique :)

pour ma part, je suis fière, heureuse et sereine et rien que pour ça….la pratique du jeûne en valait la peine !

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